Ceci rappelle Kamose enfant, abandonné par sa mère (la future reine Ahhotep) et recueilli par sa grand-mère la reine Teti-schéri qui le fit passer pour son propre fils afin de le protéger contre son époux Apophis qui voulait le tuer. A cause de son infirmité Kamose devenu adulte aurait donc pu porter des bottes pour compenser son handicap. Cette particularité remarquable aurait donné lieu à la figure du Chat Botté avatar romantique de Kamose conquérant du Kérabas (actuel Etat du Butana au Nord Soudan) au service de son demi-frère le pharaon Ahmose (devenu dans le conte, Marquis de Carabas).
Plusieurs traditions littéraires, de l'antiquité jusqu'à nos jours, paraissent refléter ce défaut physique attribué à différents personnages mythiques : depuis l'Héphaïstos des Grecs (Vulcain des Romains), en passant par Oedipe aux pieds enflés, jusqu'au "Chat Botté" de Charles Perrault qui semble directement inspiré par le parcours de Kamose. Car celui-ci aurait pu passer sa jeunesse au Kéraba (district du Nord Soudan) et il fut plus tard amené à pacifier la Nubie pour le compte du pharaon Ahmose. Il fut ensuite le premier égyptien à gouverner le Pays de Kouch sur lequel il régna pendant presque un demi-siècle (dont 30 ans comme vice-roi sous le nom de Djehuti et 13 ans en tant que pharaon de Thèbes sous le nom de Thoutmose Ier).
D'autre part, Kamose aurait reçu le surnom d'Égyptos car selon une tradition rapportée par Diodore ( I, 51, 3) "Le père du pharaon Égyptos était le fleuve Nil ayant pris la forme d’un taureau*, et le pays d’Égypte lui doit son nom"**. Or Egyptos viendrait de la forme grecque αιγου πους (aigou pous) ou αιγι πους (aigui pous) signifiant "pied de chèvre" correspondant au fait que Kamose marchait sur la pointe du pied.
*Rappelons que le nom de Kamose signifie "engendré par un taureau". **Et c'est évidemment au pharaon Egyptos que l'Egypte devrait son nom.
La raison de ces malformations était sans doute un taux de consanguinité très élevé chez les souverains de la 18e dynastie car les mariages entre frères et soeurs avaient été fréquents dès la 17e dynastie. Si cette infirmité était d'origine génétique, il ne serait pas étonnant qu'un des ancêtres de Toutankhamon ait été également porteur de cette tare. Or il y a toute raison de croire que si le roi Kamose-Thoutmose Ier (dernier souverain de la 17e dynastie et 3e souverain de la 18e dynastie) avait été abandonné par sa mère à la naissance, c'est qu'il avait des pieds anormaux. Plutarque, lui-même, décrit le dieu Harpocrate (en égyptien "Hor pa khered" : Horus enfant, avec une connotation lunaire) comme né prématurément et faible de ses membres inférieurs (De Iside, 19, 1).
Le parcours de Kamose, conquérant de la Nubie jusqu'au Kérabas pour le compte de son demi-frère le pharaon Ahmose, a pu inspirer une légende orientale à l'origine du conte du "Chat Botté" de Charles Perrault paru en 1697.
Le Chat y est vu comme une créature passée maître dans l'art de la persuasion pour obtenir le pouvoir et la fortune.
Il semble maintenant établi que le pharaon Thoutankhamon, neuvième successeur de Touthmose Ier (= Kamose) sur le trône de Thèbes (18e dynastie) avait des pieds anormaux qui l'obligeaient à porter des chaussures spécialement adaptées. En effet, le second orteil de son pied droit n'avait pas de phalange médiane, ce qui le rendait plus court ; tandis que son pied gauche était dévié en rotation interne à la cheville*. Ceci est confirmé par les représentations qui montrent le roi tirant à l'arc assis, alors que normalement il devrait être debout. D'ailleurs, plus de cent cannes ont été retrouvées dans sa tombe en 1922, certaines portant des traces d'utilisation. (http://news.discovery.com/history/king-tut-sandals-orthopedic.html) *Ce cas de figure suggère un pied bot varus équin (marche sur le bord externe du métatarse et des phalanges).
Le handicap de Kamose aurait été un secret de famille particulièrement bien gardé, mais il expliquerait pourquoi Kamose n'avait pas pu succéder à Seqenenré sur le trône de Thèbes, bien que frère aîné d'Ahmose. Car dans l'Antiquité, tout défaut physique impliquait l'exclusion irrémédiable d'une fonction noble comme la royauté, étant donné que toute difformité était considérée comme un signe de malédiction envoyé par les dieux, voire comme une marque révélatrice de la bâtardise de l'individu. Et il y avait aussi la crainte de voir la tare transmise à la descendance. Platon lui-même dans sa "République" associe fréquemment la tare psychique à la tare physique, de même que la boiterie à la bâtardise (VIII, 535d). On retrouve aussi dans l'histoire d'Oedipe l'amalgame entre les notions de boiterie, de lignée condamnée et d'enfant rejeté comme un bâtard et porteur des fautes les plus monstrueuses.
Représentation égyptienne du ciel soutenu par deux
sceptres ouas
Sur ce vase grec, Héphaïstos (au centre) porte des bottines maintenues par des lanières et parait marcher sur la pointe des pieds, tandis que les autres dieux portent des sandales avec les pieds bien à plat sur le sol.
La destinée singulière de Kamose-Thoutmose Ier se retrouve également dans le personnage grec d'Oedipe. Enfant abandonné aux pieds volontairement mutilés dès sa naissance, il tue son père sans le savoir, comme Kamose fut amené à tuer l'époux de sa mère, le pharaon Seqen-en-Rê, sans doute en situation de légitime défense, sans avoir qui il était. Et il aurait eu une relation amoureuse avec sa mère la reine (Ahhotep) lors d'une première rencontre où ni l'un ni l'autre ne s'étaient reconnus. Enfin, Kamose-Touthmose Ier devenu aveugle à la fin de sa vie aurait disparu dans les marais de Thèbes, tout comme le roi Oedipe qui, selon la légende, s'était crevé les yeux et fut englouti dans une crevasse lors d'un tremblement de terre.
De même, le dieu grec Héphaïstos (Ptah en Egypte) était infirme des deux pieds : «aux pieds déformés, tordus, estropiés » (κυλλοποσιον, Iliade 18, 371; 20, 270; 21, 331). A sa naissance, sa mère la déesse Héra, dégoûtée de ce fils handicapé, l'avait jeté du haut de l'Olympe. Il fut recueilli par Thétis qui l'éleva pendant neuf ans dans l'île de Rhodes où il aurait pris le goût de la forge parmi les Telchines.
KAMOSE le PRINCE aux piedS bots
OU "LE CHAT BOTTE" EN EGYPTE